"A Coeur ou à Raison" Alexandre Bederian
Postface du livre "A cœur ou à raison"
Catholique, spirituellement nourrie par une pratique et une lecture du Livre, investie à la mesure de mon temps disponible dans l’Eglise, n’ayant qu’une très vague idée de ce qu’étaient les E.M.I. (ou N.D.E.), j’ai mis longtemps à accepter d’écrire ce livre avec Alexandre Bederian, puis à choisir d’apposer ma signature. Je n’ai pris ma décision qu’après qu’il m’a été fortement recommandé.
Aujourd’hui je le remercie sincèrement.
Il a permis que je m’enrichisse intellectuellement et spirituellement.
En me motivant autour de son projet personnel d’écriture, il n’imaginait pas qu’il me ferait grandir dans la foi.
Le Père Ludovic Frère, en septembre 2021, lorsqu’il était recteur du Sanctuaire Notre Dame du Laus, écrivait, dans son exposé « Résurrection dans le Christ et expériences de mort imminente : la même espérance ?» :
« (…) le rationalisme moderne qui a marqué, jusque dans l’Eglise, ces dernières décennies, a conduit à vouloir tout maîtriser, tout expliquer. Jusqu’à rejeter les miracles, les anges et le surnaturel en général, d’une façon plus idéologique que profondément enracinée dans la foi. Or, dans la foi, n’est-il pas justement très rationnel, très cohérent, de penser que nos intelligences limitées ne peuvent pas tout saisir de la réalité divine ? N’est-il pas rationnel de penser que notre perception de la réalité n’en est pas le tout ? Avoir la foi, c’est donc confesser qu’il y a du plus grand que nous, infiniment plus grand que tout ce que nous pouvons concevoir. »
Avant d’entreprendre ce travail, j’ai lu beaucoup d’ouvrages sur le sujet, visionné nombre de reportages, de documentaires sur les E.M.I., écouté des interviews en podcast, et je dois dire que la phrase qui résume le mieux ce que j’ai ressenti tout au long de cette « expérience », car il s’agit vraiment d’une « expérience » avec un impact dans ma vie, est celle de Patrice Van Eersel extraite de son livre « La Source noire » :
« Il (Raymond Moody) termine sur un aveu : après avoir entendu (de vive voix) tous ces récits, il a l’impression d’avoir vécu l’expérience lui-même. Son attitude est désormais entièrement subjective. Il prétend que, en deux conversations avec des rescapés porteurs de visions, vous êtes cuit. Même s’il ne l’avoue pas, l’esprit le plus froid en sort ébranlé. En d’autres termes, si vous tenez à votre scepticisme, évitez ces gens-là. »
J’allais donc écrire un livre qui relèverait du récit autobiographique, requérant la confiance du lecteur, selon les critères définis par Philippe Lejeune dans son « Pacte autobiographique », un livre qui serait un recueil de témoignages, mais sur un sujet particulièrement original, voire « sujet à caution ». J’allais parler de choses, de phénomènes liés à l’Invisible. Comment trouver les mots, pour être crédible sans risquer d’être suspecté de prosélytisme ? Le défi était de taille. Une interview d’Eric-Emmanuel Schmitt sur RCF allait me confirmer cette difficulté du choix de la formulation pour raconter l’inénarrable, et en même temps me motiver, moi la chrétienne, à me lancer en confiance dans cette entreprise vertigineuse…
« C’est très difficile de trouver le bon mot. On est condamné à la poésie, on est condamné à la métaphore, parce que les mots ont été inventés pour décrire le visible, pas l’invisible. (…) »
« Aujourd’hui (…) Je ne doute pas qu’il y ait du sens. Je ne doute pas que le monde soit plein, que le monde soit accompli. Et donc désormais, je fais crédit au mystère. Je m’accuse moi de mes limites, au lieu d’accuser le monde de ses limites. »
« (…) Et tout d’un coup, cette humilité, qui est quand même millénaire, de se dire -Quelque chose me dépasse, il y a quelque chose qui me dépasse qui doit avoir un sens ! - est la foi, c’est ce rapport-là au sens, c’est poursuivre sur ce chemin de l’interrogation, certes, mais avec la confiance, la confiance dans le mystère. » Eric-Emmanuel Schmitt, le récit de sa conversion au désert – RCF Visages (31.07.2020)
Nathalie Mathis-Delobel
Ecrivain Biographe