«Je le crois vraiment, il est vital d'aborder chaque jour avec le désir d'être heureux.»
Augustin Paluel-Marmont

Grenouille baladeuse (Jacqueline Kerneis) (Atelier d'Ecriture ( Nouvelle Librairie) (05 Gap)

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Ce qui devait arriver arriva

Ce qui devait arriver arriva. La voiture était vieille, elle avait plus de vingt ans, une fourgonnette blanche que Jean, son mari, avait achetée dans le but de transporter les filets pour les brebis et tout son matériel. Elle avait même servi plusieurs fois à ramener à la bergerie une brebis ou un agneau blessé. De tout cela, elle gardait le souvenir, une odeur forte de terroir qui ne laissait pas indifférent. Après la mort de Jean, Angélique avait gardé la voiture. Elle avait besoin d’un véhicule pour faire ses courses une fois par semaine à Digne, aller chez le médecin, ou encore pour visiter ses amis et jouer à la coinche le mardi après-midi chez Jules. Gérard, le garagiste de Castellane avait régulièrement mis ses doigts en or dans la carcasse de la voiture pour qu’elle puisse continuer à rouler. Comme sa mère habitait à quelques kilomètres de chez Angélique, il venait chez elle et réparait la voiture sur place. Souvent, il ne pouvait pas la remettre sur pied immédiatement, mais il revenait quelques jours après avec une pièce de récupération et le miracle arrivait, la voiture repartait pour une nouvelle tranche de vie. Mais cette fois-ci, Gérard était formel. Il n’y avait plus rien à faire. Il aurait fallu changer tout le moteur, et cela aurait généré des frais beaucoup trop élevés, vu l’état général de la voiture. La vieille fourgonnette fut donc poussée en bordure du champ de lavande, dans un endroit où elle ne gênait pas. Une bien belle sépulture, elle avait une vue de rêve sur les montagnes du Verdon et pouvait surveiller la route tortueuse qui remontait la vallée et les rares véhicules qui s’y aventuraient.

Le week-end suivant, Adrien, le fils d’Angélique, monta passer le week-end chez sa mère. Il voulait s’entretenir avec elle. Elle voulait racheter une voiture, mais il n’était pas d’accord. Elle approchait des quatre-vingts ans, il pensait qu’il n’était pas sage qu’elle continue à conduire. Il était inquiet de la savoir cheminant sur la route Napoléon, une route fatigante et pleine de virages. Il avait réfléchi à la situation. Sa mère était isolée dans ce fond de vallée, il y était difficile de vivre sans voiture. Il lui proposerait de lui louer un petit appartement pas loin de chez lui à Nice, mais il connaissait d’avance sa réponse. Et c’est vrai, il la voyait mal vivre en milieu urbain, elle qui avait passé sa vie en montagne. Et puis, elle était encore en forme, elle aimait sa vallée et s’y trouvait bien, alors il valait mieux essayer de trouver des solutions pour qu’elle puisse continuer à y vivre, même si c’était un peu compliqué. L’épicier ambulant venait le vendredi, Angélique aurait des produits frais. Pour le reste, il pourrait lui faire ses courses à Nice avant de monter la voir. Le médecin se déplaçait si besoin. Et puis, il y avait Michel, son copain d’enfance, qui habitait pas trop loin et pourrait donner un petit coup de main si nécessaire.

Quand Adrien arriva en ce samedi de mai, la vallée rayonnait d’un vert tendre. Angélique était dans son potager. Elle laissa tomber à terre ses outils de jardinier quand elle entendit le bruit de la voiture et se dirigea vers la maison. Après les embrassades, ils s’installèrent tous les deux sur la terrasse pour un petit café. Adrien, qui n’était pas du genre à faire des détours, engagea tout de suite la conversation sur la question de la nouvelle voiture et expliqua à sa mère sa position. Les yeux et le visage d’Angélique étaient comme figés. Il était hors de question qu’elle aille vivre à Nice, elle voulait rester dans sa vallée. Mais peut-être Adrien avait-il raison, elle était trop âgée pour conduire, il y a une fin à tout! Elle se laissa persuader par son fils et ils se mirent d’accord. Adrien viendrait toutes les trois semaines apporter les grandes courses, elle lui ferait une liste quelques jours avant.

Angélique avait toujours su s’adapter facilement à des situations nouvelles. Elle tourna donc la page et entama sans rechigner sa nouvelle vie sans voiture. Elle ne manquait de rien, au moins matériellement. Elle avait sa baguette fraîche tous les matins vers neuf heures, le boulanger s’arrêtait devant chez elle et klaxonnait pour l’avertir. Elle achetait la viande, les fruits et les légumes à l’épicier ambulant qui passait le vendredi. Femme organisée, elle avait demandé à Adrien de lui acheter deux petits bloc-notes. Elle s’en servait pour dresser ses deux listes de courses, celle pour l’épicier ambulant et celle pour son fils. Michel passait tous les deux ou trois jours, en rentrant du travail, pour voir si elle avait besoin de quelque chose. Tout semblait bien se passer.

Mais au fil des semaines, Angélique perdit sa joie de vivre et son sourire. Elle avait bien de temps en temps la visite de Marcel et Henriette, mais elle n’en pouvait plus de rester chez elle, à attendre que quelqu’un vienne, elle était comme dans une prison dorée. La coinche du mardi et les visites chez les amis lui manquaient. Mais Angélique n’était pas du genre à se laisser dépérir. Alors, un jour, n’en déplaise à son fils, elle prit son téléphone, appela Gérard et lui demanda de lui chercher une petite voiture d’occasion pas cher.

Deux semaines plus tard, Gérard l’appela. Il avait trouvé une voiture pour elle, une 2CV, pas neuve, mais en bon état. Elle pourrait rouler sur de petites distances, mais la voiture n’était pas fiable pour de longs parcours, même pas pour aller à Digne. Angélique réfléchit rapidement. Cette voiture lui permettrait de faire la tournée de ses amis, qui habitaient tous dans des hameaux de la vallée, de reprendre la coinche le mardi et même d’aller chez le médecin à Castellane en même temps qu’elle ferait le plein. Et l’affaire fut conclue.

Son fils vint le samedi suivant. Quand elle lui avait annoncé son achat au téléphone, Angélique était un peu anxieuse de la réaction d’Adrien, mais son fils ne lui avait pas fait de remarque, comme s’il était déjà au courant et la laissait faire. Il lui avait dit qu’il s’occuperait des paperasseries et l’amènerait à Castellane pour récupérer la voiture. C’est ainsi que, pour la première fois depuis trois mois, Angélique quitta sa vallée. Elle était surexcitée, on aurait dit une jeune fille qui allait avoir sa première voiture. Elle n’arrêtait pas de parler. Ils arrivèrent à Castellane à quatorze heures, Gérard ouvrait tout juste son garage. Il leur fit signe de venir, puis pointa le doigt vers une 2 CV d’un superbe rose Barbie. Angélique ne dit rien, mais ses yeux brillaient comme des billes. La transaction terminée, elle monta dans sa nouvelle voiture et prit le chemin de sa vallée. C’était une belle journée, elle roulait toutes vitres ouvertes. Elle fit le tour de tous les hameaux et, à chaque halte, la voiture rose fut l’attraction du jour.

Les jours passèrent, Angélique avait retrouvé le sourire. Elle avait repris ses petites tournées pour voir ses amis et ne ratait plus la coinche du mardi. Quand elle descendait ou remontait la vallée, au passage de chaque hameau, elle klaxonnait joyeusement si elle voyait quelqu’un à la fenêtre ou dans le jardin. Elle n’allait pas à Digne, mais cela n’avait pas d’importance, elle se sentait libre.

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La part des anges

Ils sont cinq. Ils sont assis, les pieds pendant dans le vide, apparemment insensibles au vertige. Les boursouflements du nuage leur font un coussin moelleux sur lequel ils ont calé leurs corps nus. L’endroit semble confortable et ils s’y retrouvent tous les après-midis, c’est leur moment de détente. Ils parlent doucement, comme pour ne pas perturber l’ambiance paisible. C’est au tour de Basile, le petit gringalet et le dernier arrivé dans l’équipe, de parler. « Vous savez, mes amis, mon protégé est plutôt stressé. Tendu au travail, dans son couple. Mais il s’en rend compte maintenant, grâce à mon intervention. Il a dit hier à sa femme qu’il allait acheter de quoi vapoter, parce que ça le calmera un peu de tirer sur la cigarette. Je verrai ça cette nuit. Je vous raconterai». Sur ces propos, il détend ses ailes pour se relaxer un peu, car cela fait deux heures qu’ils papotent ensemble et il est un peu ankylosé. Gabriel, le plus grand, qui semble être le manager de l’équipe car il a un petit brassard doré autour du bras, leur propose de s’en tenir là et de trouver un coin tranquille pour prendre un peu de repos avant la nuit. Il faut être en forme. Les autres acquiescent et se dispersent.

Le lendemain, en début d’après-midi, ils se retrouvent au même endroit. Ils commencent à échanger calmement. Il manque Gabriel et Basile. Ce dernier arrive quelques minutes après, avec quelque chose dans la main, tout excité. Les autres le regardent. Il n’a pas un comportement normal, on le sent impatient. Mais il ne dit rien et laisse les autres parler. Il est toujours le dernier à s’exprimer, c’est comme cela, il y a le protocole. Chacun des anges gardiens ayant raconté ce qui s’est passé la nuit précédente avec son protégé, c’est maintenant au tour de Basile. «Je l’ai entendu parler à sa femme. Il a dit qu’il est allé chez Happy Smoke et la vendeuse a réussi à lui fourguer la nouveauté du mois. Il paraît que c’est une sorte de cigarette électronique, mais à l’intérieur, il y a de la vapeur d’alcool qu’ils ont réussi à prélever dans des fûts d’Armagnac. Ils appellent ça la part des anges. Vous vous rendez compte, ils inhalent la part des anges, notre part, c’est incroyable! Je sais que je n’aurais pas dû, que c’est contraire au règlement, qu’on n’a rien droit de toucher. Mais là, ça a été plus fort que moi, il fallait que je vois ce que c’est et que je goûte. Alors, quand mon protégé a été endormi, j’ai pris la cigarette électronique et la boîte de recharges. Il est tellement stressé qu’il les cherchera partout et ne se rappellera pas où il les avait posées. Ce soir, je les remettrai là où je les ai prises. Regardez! On essaye? ».

Tous les anges sont bouche bée devant Basile. Mais qu’est-ce qui lui a pris, comment a-t-il pu voler son protégé, c’est complètement contraire à leur éthique? Mais personne ne le contredit. Maintenant que c’est là, ils sont tous curieux de découvrir la part des anges. Basile installe la recharge d’alcool dans le tube. Il l’approche de ses lèvres et commence à tirer sur la cigarette. Au bout de quelques secondes, ses joues prennent une couleur pourpre et son regard devient fixe. Il semble béat. « Ah....ah...., je plane, je plane... ». C’est tout ce qu’il arrive à dire.

Les trois paires d’yeux sont fixées sur lui. Au bout d’une minute environ, qui semble une éternité aux autres, Basile pose la cigarette à côté de lui, tout près de Christophe qui la prend aussitôt. L’un après l’autre, chacun teste la cigarette, avec le même effet que Basile. Et chacun semble y prendre goût. La cigarette refait le tour de l’équipe. Mais le ton monte. « Bon, tu l’as eue assez maintenant, donne la moi! ». «Dépêche-toi, tu prends tout et il n’y en aura plus pour nous! ». Après plusieurs allers-retours, la cigarette est vide fort heureusement, car les anges se disputent copieusement. Ils en ont contre leurs camarades, mais aussi contre Gabriel, leur manager. Ils revendiquent désormais un jour de repos par semaine et cinq semaines de congés comme en France, car ils n’ont rien de tout ça.

C’est à ce moment qu’arrive Gabriel. Celui-ci se rend tout de suite compte qu’il se passe quelque chose d’anormal. Il aperçoit la cigarette posée près de Basile. Les anges sont bruyants, ils semblent en colère. « Vas-y, toi, Christophe, tu parles bien! ». Christophe relate à Gabriel leur insatisfaction et leurs revendications. Gabriel écoute, imperturbable. Il ne sait pas exactement ce qui a mis les anges dans cet état, mais il pense que cela a un lien avec l’objet près de Basile, on dirait une cigarette. En tout cas, il faut réagir énergiquement et ne pas laisser dégénérer la situation. Il ne faudrait pas que l’équipe rencontre d’autres anges et que la grogne se propage. Il explique aux quatre anges qu’il va aller voir Dieu et lui présenter la situation. Qu’ils ne bougent pas, il revient dans quelques minutes.

En effet, il réapparaît peu après, l’air plutôt sombre. Il a mis ses petites lunettes rondes sur le nez et a un papier dans les mains. « J’ai vu Dieu, dit-il, et nous avons parlé de vos revendications. Dieu pense que, si nous acceptons, il n’y aura pas assez d’anges gardiens pour assurer le service sur terre. Or, nous rencontrons un gros problème de recrutement depuis quelques années. Il ne nous est donc pas possible de vous donner satisfaction. »
Les anges sont dépités. Gabriel continue :
« J’ai vu qu’un objet terrien a été introduit ici. Je ne sais pas ce que c’est et ce que vous avez fait avec, mais il semble qu’il ait apporté ici la zizanie et une contestation stérile. L’introduction de cet objet est tout à fait intolérable, contraire au règlement. Nous allons être obligés de prendre des mesures pour éviter que cela se reproduise, afin de garantir la paix et l’ordre. Sinon, nous n’arriverons pas à remplir notre mission. A partir de cette nuit, tous les anges seront systématiquement fouillés à leur retour de mission, entièrement ailes et corps. De plus, les missions seront limitées à une heure. A son départ, chaque ange devra remplir une attestation avec l’heure de départ. Il y aura un contrôle au retour sur le nuage. »
Sur ce, Gabriel plie son papier et s’en va, sans rien rajouter, même pas un petit mot de bienveillance.
Les anges restent assis sans bouger, abasourdis, comme si leur monde venait de s’écrouler.

16/12/2020

—————-Le panier————————-

Vous avez quatre articles dans votre panier ! Votre panier est vide! Qui n’a pas utilisé un site de commande en ligne sur Internet, surtout pendant le confinement. Eh oui, le panier est désormais dématérialisé! C’est devenu juste un petit dessin sur l’écran. Il suffit de cliquer, les articles se retrouvent dans le panier, on ne sait pas vraiment où, on commande et tout est livré à la maison. Fini le panier traditionnel en osier, rond ou ovale, dont l’anse nous faisait mal aux doigts quand le panier s’alourdissait et qu’il convenait d’arrêter ses achats. Jusque-là, il nous avait toujours accompagné pour nous aider à porter ce dont nous avions besoin. Souvenez-vous, le petit chaperon rouge apportait la galette et le petit pot de beurre à sa grand-mère dans un panier. Petite taille pour les enfants, moyenne pour les courses, grande pour le linge, les bûches et la récolte des fruits.

En France, c’est en 1948, avec plus de trente ans de retard par rapport aux Etats-Unis, que le panier à provisions a commencé sa mutation dans les premiers libre-service. Il est devenu métallique et rectangulaire, plus tard il s’est transformé en plastique rouge. Ce dernier résiste encore un peu dans les épiceries et les supermarchés, mais est maintenant largement détrôné par le caddie, qui n’est finalement qu’un panier sur roulettes d’un volume démesuré, témoin de notre boulimie de consommation. Désormais, on ne porte plus ses courses, ce serait trop lourd! Sauf pour aller au marché. Mais les adeptes du panier en osier y sont devenus rares. Même les mamies ne l’utilisent plus guère. Les grands sacs en plastique vendus aux caisses des supermarchés, légers et pliables, sont tellement plus pratiques.

Devons-nous donc dire adieu au bon vieux panier en osier? Peut-être pas, car quelques irréductibles ramasseurs de champignons ne veulent pas entendre parler d’un autre contenant....

12/12/2020

————————-Le renard———————————

« Viens voir, Il y a quelque chose qui bouge dehors ». Rémi regarde sa mère. Qu'est-ce qu'elle a encore? Depuis que sa mère et lui ont déménagé dans cette petite maison à la campagne, après le divorce de ses parents, sa mère ne sourit presque plus et elle est souvent inquiète. Ils étaient tellement bien avant, ll avait ses copains qui habitaient à côté, pourquoi ses parents ont-ils tout gâché? Il s'approche de la porte-fenêtre. C'est vrai, cette fois-ci, sa mère a raison, il y a bien quelque chose qui bouge. On ne distingue pas bien dans le noir, mais on dirait qu'une forme se déplace. Tout à coup, la masse se rapproche et Rémi devine un corps tout roux, une tête avec un museau pointu et deux yeux vifs. C’est un renard ! Le coeur de Rémi se met à battre, il veut voir le renard de plus près. Lentement, il se rapproche de la poignée de la porte-fenêtre et commence à ouvrir celle-ci. À cet instant, le renard fait demi-tour et disparaît dans la nuit.

Les jours suivants, Rémi attend avec impatience l'arrivée du soir. Il espère que le renard reviendra. Mais il ne revient pas, et Rémi est déçu. Il est allé sur le Web et a fait des recherches sur les renards. Il a vu qu’on pouvait les apprivoiser en leur donnant à manger quelque chose qu’ils aiment. Ce serait vraiment super s'il arrivait à apprivoiser celui-ci!
A un moment où sa mère n’est pas là, il part fouiner dans le cellier et regarde ce qu’il pourrait mettre pour attirer le renard. Sur une étagère, il voit deux boites de pâtée pour chat et un sac de croquettes entamé, qui sont là depuis la mort de Patoune, leur chatte. Il prend une boîte de pâtée et retourne dans la cuisine, attrape une petite assiette dans le placard, y place la moitié du contenu de la boîte et va la déposer dehors, devant la porte-fenêtre, juste au moment où sa mère arrive. Celle-ci regarde l’assiette et se retourne vers Rémi en souriant.

Le renard ne vient pas ce soir-là. Mais le lendemain matin, l'assiette est vide. Plein d’espoir, Rémi met dehors le reste de la boîte de pâtée. Et cette fois-ci, sa tentative est récompensée. Alors qu'ils viennent de finir le dessert, Rémi voit le renard près de l'assiette. Il est fasciné, il ne bouge pas. Il regarde le renard manger la pâtée, puis partir tranquillement en dévoilant sa superbe queue touffue.

Le renard vient maintenant tous les soirs. Ils lui ont donné un nom, ils l’appellent Muzo. Comme il n'y a plus de pâtée, Rémi lui met les croquettes. Muzo semble les apprécier. Rémi et sa mère mangent désormais plus tôt, pour que le repas soit fini quand Muzo arrive. Une fois le dessert terminé, Rémi ouvre la porte-fenêtre, juste assez pour pouvoir passer, et se cale dans l’entrebâillement de la porte. Il sent l’air froid, mais peu importe. Quand Muzo commence à manger, Rémi se rapproche de lui et le caresse, comme on caresse un chien. Muzo ne bronche pas et continue à manger. Rémi est certain qu'il aime ses caresses.

Mais un jour, la belle histoire s'arrête. La mère de Rémi revient de chez le voisin avec un air sombre et explique à Rémi qu'il ne faut plus donner à manger au renard, qu'il ne doit plus venir. Il a tué une poule. Rémi est abasourdi. Muzo est devenu son ami, c’est son seul ami ici, il veut que ça continue. Le soir venu, il profite du moment où sa mère est partie se doucher pour remettre une assiette de croquettes contre la façade de la maison, à un endroit non visible de l'intérieur. A l’heure du rendez-vous, prétextant d'aller voir dehors le seau qu'il a rempli d’escargots, il sort et retrouve Muzo près de l’assiette. Il le caresse, le renard lève la tête et le regarde.

Quelques jours passent ainsi. La mère de Rémi ne se rend compte de rien. Puis arrive le dimanche. Rémi et sa mère sont partis faire une petite balade à pied. En revenant, ils s’arrêtent pour parler au voisin qui travaille dans son jardin. C'est un peu barbant pour Rémi, ils parlent de choses qui ne l'intéressent pas. Jusqu’au moment où le voisin commence à parler du renard. Il dit que celui-ci a encore tué une poule la nuit dernière et qu’il en a assez. Il faut l’attraper. Il a préparé un piège qu'il va mettre ce soir. En entendant cela, Rémi prend ses jambes à son cou et court à perdre haleine jusque chez lui. Son coeur bat la chamade. Il doit agir vite. Il ne veut pas que Muzo soit tué, c’est son ami. Il ne sait pas encore comment il va faire pour le sauver, mais il va trouver. Il monte quatre à quatre les escaliers menant à sa chambre et fonce vers son ordinateur. Il est sûr qu'il trouvera la solution sur le Web. Il tape avec vélocité sur les touches et rapproche son visage de l'écran, comme pour mieux voir. Au bout de quelques minutes, il s’arrête et repose son dos sur le fauteuil. Il a trouvé la solution.

Au repas du soir, ni Rémi ni sa mère ne parlent du renard. Une fois le repas terminé, à l’heure du rendez-vous avec Muzo, Rémi sort, son portable à la main et une lampe frontale allumée sur le front. Quand le renard arrive, il le caresse tendrement. Ses yeux sont emplis de larmes. D’une voix douce, il explique à Muzo qu'il est son ami pour toujours, mais qu’il ne faut plus qu’il revienne. Jamais. Le renard a presque fini les croquettes. Rémi commence alors à tapoter sur son portable. Arrivé sur YouTube, il cherche le replay du match OM-Leipzig qu’il a regardé l’autre jour. Il met le haut-parleur, augmente le volume au maximum. D’un son métallique, le portable vomit alors un commentaire sportif endiablé, doublé du chant des supporters. Le renard lève la tête vers Rémi, avec l’air de ne pas comprendre, fait demi-tour et repart vers la nuit. Rémi le poursuit en courant aussi loin qu’il peut, accompagné des vociférations du portable, et espérant qu’il lui aura fait suffisamment peur pour qu’il ne revienne jamais.

9/12/2020

---------ANGELIQUE VERSION 2 DU 9/12/20

« Je n'aurai pas le temps, pas le temps... ». La voix de Michel Fugain envahit la pièce. Angélique ouvre les yeux. Il fait jour, des rais de lumière passent au travers des volets. Elle regarde le réveil. Il marque sept heures trente. Elle se souvient. Elle a mis le réveil hier soir en se glissant au lit. Elle n'aurait peut-être pas dû lire jusqu’à deux heures du matin. Mais le livre était tellement captivant qu’une fois commencé, elle l'a lu d'un trait jusqu'au dénouement.

Il faut se lever, aujourd’hui, c’est vendredi. Elle enfile sa robe de chambre mauve en douillette laine des Pyrénées, ouvre les volets et va dans la cuisine. Elle allume le vieux radiocassette qui se met aussitôt à diffuser Radio Monte-Carlo avec un son nasillard, prépare son thé, grille du pain et déjeune tranquillement. Elle aime prendre son temps. Elle a toujours aimé prendre son temps, mais quand on a quatre-vingt un ans, on n'a plus le choix. Malgré sa courte nuit, elle a de l'énergie ce matin. Ce n'est pas tous les jours comme ça, mais elle aime le vendredi. Une fois le petit déjeuner terminé, elle se dirige vers la salle de bain. Elle regarde dans le miroir ses cheveux tous blancs, puis ouvre le tiroir du petit meuble à côté du lavabo et regarde à l'intérieur. Un peigne, quelques barrettes pour contrôler ses cheveux fins et un peu indisciplinés, et une paire de boucles d’oreilles rondes à clipser en forme de fleur, d’un bleu qui rappelle ses yeux. Voilà tout son attirail de beauté. Elle prend les boucles d’oreilles et la barrette bleue. Allez, une petite coquetterie aujourd’hui! Elle se coiffe, finit sa toilette, puis part s’habiller. Une fois prête, elle se met à chercher, sur la table un peu encombrée de la salle à manger, la liste des courses qu'elle a préparée hier. Ah ! la voilà. Elle était cachée sous le programme télé. Des œufs, du beurre, du jambon blanc, du riz, des biscuits. Et une bonne baguette bien fraîche, ça changera du pain décongelé. Elle pense n'avoir rien oublié, elle oublie souvent. Elle met la liste dans la poche gauche de sa polaire, son portefeuille dans la poche droite. Elle jette un oeil à l'horloge au-dessus de la cheminée. Il est neuf heures trente. Elle est un peu en avance. Elle sort sur la terrasse déjà gorgée de soleil en ce début de matinée d'avril et s’assied sur le vieux banc défraîchi, près de son compagnon, Pitchoune, un vieux chat aux poils gris, longs et un peu ébouriffés.
«Tu as perdu ton peigne, mon pauvre Pitchoune, lui dit-elle en le regardant avec affection. Tu as l'air de quoi, c'est pas comme ça que tu vas te trouver une copine ! À vrai dire, mon Pitchoune, je suis contente que tu n'en trouves pas et que tu restes avec moi. Au moins j'ai quelqu'un à qui parler. Parfois, j'ai un peu l'impression que je ne sais plus faire des phrases et m'exprimer correctement...»

On sent que le printemps est là, la matinée est douce. Angélique se sent bien, le corps chauffé par le soleil. Elle regarde les allers et retours continuels des mésanges qui viennent chercher les graines qu’elles a mises dans la mangeoire. Elle en compte cinq ou six. Deux petites mésanges bleues à la tête délicatement ponctuée d'un trait noir partant de l’oeil, comme si elles s’étaient maquillées. Les autres sont des mésanges charbonnières. Elles sont vives et ne restent jamais posées bien longtemps. Juste le temps de prendre une graine et elle repartent aussitôt. Tout à coup, un klaxon la tire de sa contemplation. Il vient d'en bas, de la route. Angélique se lève, met une main dans la poche gauche pour vérifier que la liste est bien là. Elle sent le portefeuille peser dans l'autre poche, pas besoin de vérifier. Elle prend la boite à oeufs qui était posée sur le banc près d’elle et sa canne. Non, je n'ai rien oublié, se dit-elle, je peux y aller.

Elle se dirige d'un pas encore alerte vers la piste en terre qui descend à la route, cent mètres plus bas. Ça lui fait un peu d’exercice, le plus dur c'est de remonter. A la sortie d’un virage, elle aperçoit la camionnette blanche. Quatre personnes attendent devant. Elle les entend parler. Les têtes se tournent vers elle. Chacun lui souhaite le bonjour, puis la conversation reprend. Un couple de jeunes voudrait s’installer dans une campagne en bas du village et élever des chèvres. Il paraît qu’elle est enceinte. Ce serait bien, cela ferait un peu de renouveau dans la population de la commune, car cinquante habitants, dont la plupart sont très âgés, ne donnent pas de futur à la vallée. Fernand, de La Combe, a fait un AVC, il est à l’hôpital. Angélique écoute avec intérêt ces nouvelles. Elle n’a rien à dire, elle ne voit quasiment personne. Elle pourra en parler à Jean, son fils installé à Nice, la prochaine fois qu’il viendra la voir.

Les autres ont fini leurs emplettes, c’est maintenant au tour d’Angélique. Elle sort de sa poche la liste de courses. Bruno, l’épicier, un homme de taille moyenne, plutôt trapu, au visage rond et au crâne dégarni, s’adresse à elle d’un ton jovial:
« Bonjour Angélique, que voulez-vous aujourd’hui? ».
« Comme d’habitude, dit Angélique, des oeufs, du beurre, du jambon, du riz, une baguette. Et un paquet de Granola aussi. »
Elle tend la boîte à oeufs. Bruno l’attrape et se dirige vers une étagère derrière lui, tout en parlant :
« Alors, Angélique, quel est le dernier livre que vous avez lu et qui vous a plu? »
« Pas plus tard qu’hier soir, j’ai lu le dernier roman de Régine Duclot, dans la collection Harlequin, que ma belle-fille m’a offert. Je me suis régalée. Cette histoire d’amour entre un opticien et une jeune aveugle, qu’est-ce que c’était beau! J’en ai même pleuré! Vous l’avez lu? »
« Hélas, non, avec tout le travail que j’ai depuis que j’ai ajouté une tournée aux trois que j’avais déjà, je n’ai plus le temps de lire ».
Le temps de ces quelques mots, et Bruno, efficace comme toujours, a déposé les oeufs, le beurre, le jambon, le riz, les biscuits et le pain sur le comptoir métallique.
« Vous me donnez votre panier, Angélique? ».
Angélique regarde à ses pieds et ne peut que constater qu’il n’y a rien. Elle a oublié son panier.
« Ce n’est pas grave, dit immédiatement Bruno, je vais mettre ça dans un carton et, comme il n’y a plus personne et que j’ai un peu de temps, je vais monter avec vous pour le porter, parce qu’il est un peu encombrant. Je n’en ai pas de plus petit. »
Angélique apprécie beaucoup Bruno, il est gentil et serviable. Elle règle sa note. Bruno referme la camionnette et ils partent vers la maison d’Angélique tout en conversant. Bruno lui demande des nouvelles de son fils. Angélique ne se fait pas prier, elle est tellement contente de parler de lui, qui a un bon poste à la mairie de Nice. Certes, il n’est pas resté dans la vallée, mais il y a seulement deux heures de route, ce n’est pas si loin. Arrivés à la maison, Angélique propose à Bruno un café qu’il décline tout en la remerciant, car il doit repartir pour finir sa tournée. Bruno la salue et s’en va.

Une fois seule, Angélique entreprend de ranger les courses. Au fond du carton, elle aperçoit un petit sac en papier, du genre de ceux qu’on utilise pour mettre les fruits. Elle le prend tout en pensant que Bruno l’a oublié par inadvertance dans le carton. Par curiosité, elle l’ouvre et voit de belles morilles toutes fraiches, et un petit papier avec quelque chose d’écrit dessus. Elle prend le papier et lit : « Pour vous, Angélique, régalez-vous bien ! Bruno ».
Angélique en a les larmes aux yeux. Il faudra qu’elle appelle Bruno pour le remercier, il est si gentil. Et elle lui offrira le livre de Régine Duclot, il pourra le lire pendant ses vacances, elle est sûre qu’il l’appréciera. Elle aime le vendredi, c’est vraiment sa journée préférée.

-----------Angélique------------------ VERSION 1

« Je n'aurai pas le temps, pas le temps... ». La voix de Michel Fugain envahit la pièce. Angélique ouvre les yeux. Ses paupière sont lourdes, comme si elles voulaient se refermer. Il fait jour, des rais de lumière passent au travers des volets. Elle regarde le réveil. Il marque sept heures trente. Elle se souvient. C’est vrai, elle a mis le réveil hier soir en se mettant au lit. La nuit a été courte, elle n'aurait peut-être pas dû lire si tard. Il était deux heures du matin quand elle a éteint. Mais le livre était tellement captivant qu’une fois commencé, elle l'a lu d'un trait jusqu'au dénouement.

Il faut se lever, aujourd’hui, c’est vendredi. Elle enfile sa robe de chambre mauve en douillette laine des Pyrénées, ouvre les volets et entreprend de descendre les escaliers jusqu'à la cuisine. Elle se tient à la rampe et descend lentement, son genou droit lui fait mal. Arrivée dans la cuisine, la première chose qu'elle fait, c’est allumer le vieux radiocassette qui se met aussitôt à diffuser Radio Monte-Carlo avec un son nasillard. Elle prépare son thé, grille du pain et déjeune tranquillement. Elle aime prendre son temps. Elle a toujours aimé prendre son temps, mais quand on a quatre-vingt un ans, on n'a plus le choix. Malgré sa courte nuit, elle a de l'énergie ce matin. Ce n'est pas tous les jours comme ça, mais elle aime le vendredi. Une fois le petit déjeuner terminé, elle se dirige vers la salle de bain. Elle se regarde dans le miroir. Ses cheveux sont tous blancs. Elle aime bien la coupe au carré bien court que lui fait Juliette, une voisine qui vit au village, à un kilomètre de chez elle. Après s'être brossé les dents, elle ouvre le tiroir du petit meuble à côté du lavabo et regarde à l'intérieur. Un peigne, quelques barrettes pour contrôler ses cheveux fins et un peu indisciplinés, et une paire de boucles d’oreilles rondes à clipser en forme de fleur, d’un bleu qui rappelle ses yeux. Voilà tout son attirail de beauté. Elle prend les boucles d’oreilles et la barrette bleue. Allez, une petite coquetterie aujourd’hui ! Elle se coiffe, puis elle monte dans sa chambre, inspecte l'intérieur de la vieille armoire en bois que sa mère lui a laissée, et décide de mettre son tablier bleu foncé avec des fleurs vert émeraude. Elle enfile par-dessus la polaire beige épaisse que son fils lui a offert pour Noël et qu’elle aime tant.

Une fois habillée, elle redescend et cherche, sur la table un peu encombrée de la salle à manger, la liste des courses qu'elle a préparée hier. Ah ! la voilà. Elle était cachée sous le programme télé. Des œufs, du beurre, du jambon blanc, du riz, une salade, des asperges, des biscuits. Et une bonne baguette bien fraîche, ça changera du pain décongelé. Elle pense n'avoir rien oublié, elle oublie souvent. Elle met la liste dans la poche gauche de sa polaire, son portefeuille dans la poche droite. Elle jette un oeil à l'horloge au-dessus de la cheminée, une belle horloge en faÏence de Moustiers, finement décorée de petits motifs jaunes et verts sur fond blanc. Il est neuf heures trente. Elle est un peu en avance. Elle sort sur la terrasse déjà gorgée de soleil en ce début de matinée d'avril et s’assied sur le vieux banc défraîchi adossé au mur, près de son compagnon, Pitchoune, un vieux chat aux poils gris, longs et un peu ébouriffés.
«Tu as perdu ton peigne, mon pauvre Pitchoune, lui dit-elle en le regardant avec affection. Tu as l'air de quoi, c'est pas comme ça que tu vas te trouver une copine ! À vrai dire, mon Pitchoune, je suis contente que tu n'en trouves pas et que tu restes avec moi. Au moins j'ai quelqu'un à qui parler. Parfois, j'ai un peu l'impression que je ne sais plus faire des phrases et m'exprimer correctement...»

On sent que le printemps est là, la matinée est douce. Angélique reste assise sur le banc, elle se sent bien, le corps chauffé par le soleil. Elle regarde la mangeoire à oiseaux en bois au bout de la terrasse, et les allers et retours continuels des mésanges qui viennent chercher les graines qu’elles a y mises. Elle en compte cinq ou six. Deux petites mésanges bleues à la tête délicatement ponctuée d'un trait noir partant de l’oeil, comme si elles s’étaient maquillées. Les autres sont des mésange charbonnières. Elles sont vives, elles ne restent jamais posées bien longtemps. Juste le temps de prendre une graine et elle repartent aussi vite qu'elles sont arrivées. Angélique pourrait regarder le ballet des mésanges pendant des heures sans se rendre compte du temps qui passe. Tout à coup, un klaxon la tire de sa contemplation. Il vient d'en bas, de la route. Angélique se lève, met une main dans la poche gauche pour vérifier que la liste est bien là. Elle sent le portefeuille peser dans l'autre poche, pas besoin de vérifier. Elle prend le petit sac plastique qui était posé sur le banc près d’elle et sa canne qui l’attendait près de la porte. Non, je n'ai rien oublié, se dit-elle, je peux y aller.

Elle se dirige d'un pas encore alerte vers la piste en terre qui descend à la route, cent mètres plus bas. Ça lui fait un peu d’exercice, le plus dur c'est de remonter. Elle descend précautionneusement la piste pleine d’ornières, en prenant bien appui sur sa canne. A la sortie d’un virage, elle aperçoit la camionnette blanche stationnée au carrefour de la piste et de la route. Plusieurs voitures sont garées un peu plus loin. Quatre personnes attendent devant la camionnette. Elle les entend parler. Les têtes se tournent vers elle. Chacun lui souhaite le bonjour, puis la conversation reprend. Un couple de jeunes voudrait s’installer dans une campagne en bas du village et élever des chèvres. Il paraît qu’elle est enceinte. Ce serait bien, cela ferait un peu de renouveau dans la population de la commune, car cinquante habitants, dont la plupart sont très âgés, ne donnent pas de futur à la vallée. Fernand, de La Combe, a fait un AVC, il est à l’hôpital. Et puis, Michel et Pierre sont fâchés, une fois de plus, et ne se parlent plus. Angélique écoute avec intérêt ces nouvelles. Elle n’a rien à dire, elle ne voit quasiment personne. Elle pourra en parler à Jean, son fils installé à Nice, la prochaine fois qu’il viendra la voir.

Les autres ont fini leurs emplettes, c’est maintenant au tour d’Angélique. Elle sort de sa poche la liste de courses. Bruno, l’épicier, un homme de taille moyenne, plutôt trapu, au visage rond et au crâne dégarni, s’adresse à elle d’un ton jovial:
« Bonjour Angélique, que voulez-vous aujourd’hui? ».
« Comme d’habitude, dit Angélique, des oeufs, du beurre, du jambon, du riz, une baguette. Et une boîte d’asperges. Et un paquet de Granola aussi. »
Elle tend à Bruno la boîte à oeufs. Celui-ci l’attrape, se retourne et se rapproche d’une étagère à hauteur d’épaule. Un à un, il prend les oeufs et les pose délicatement dans la boite. Il revient vers Angélique et laisse la boîte sur l’étagère métallique qui sert de comptoir. Puis il part vers le réfrigérateur, tout en parlant :
« Alors, Angélique, quel est le dernier livre que vous avez lu et qui vous a plu? »
« Pas plus tard qu’hier soir, j’ai lu le dernier roman de Régine Duclot, dans la collection Harlequin, que ma belle-fille m’a offert. Je me suis régalée. Cette histoire d’amour entre un opticien et une jeune aveugle, qu’est-ce que c’était beau! J’en ai même pleuré! Vous l’avez lu? »
« Hélas, non, avec tout le travail que j’ai depuis que j’ai ajouté une tournée aux trois que j’avais déjà, je n’ai plus le temps de lire ».
Le temps de ces quelques mots, et Bruno, efficace comme toujours, a déposé le beurre, le jambon, la boîte d’asperges, le riz, les biscuits et le pain sur le comptoir, à côté de la boîte d’oeufs.
« Vous me donnez votre panier, Angélique? ».
Angélique regarde à ses pieds et ne peut que constater qu’il n’y a rien. Elle a oublié son panier.
« Ce n’est pas grave, dit immédiatement Bruno, je vais mettre ça dans un carton et, comme il n’y a plus personne et que j’ai un peu de temps, je vais monter avec vous pour le porter, parce qu’il est un peu encombrant. Je n’en ai pas de plus petit. »
Angélique apprécie beaucoup Bruno, il est gentil et serviable. Elle règle sa note. Bruno pose sur le comptoir une feuille sur lequel il a écrit « Je reviens tout de suite», au cas où un nouveau client arriverait, et ils partent vers la maison d’Angélique tout en conversant. Bruno lui demande des nouvelles de son fils. Angélique ne se fait pas prier, elle est tellement contente de parler de lui, qui a un bon poste à la mairie de Nice. Certes, il n’est pas resté dans la vallée, mais il y a seulement deux heures de route, ce n’est pas si loin. Arrivés à la maison, Angélique propose à Bruno un café qu’il décline tout en la remerciant, car il doit repartir pour finir sa tournée. Bruno la salue et s’en va.

Une fois seule, Angélique entreprend de ranger les courses. Au fond du carton, elle aperçoit un petit sac en papier, du genre de ceux qu’on utilise pour mettre les fruits. Elle le prend tout en pensant que Bruno l’a oublié par inadvertance dans le carton. Par curiosité, elle l’ouvre et voit de belles morilles toutes fraiches, et un petit papier avec quelque chose d’écrit dessus. Elle prend le papier et lit : « Pour vous, Angélique, régalez-vous bien ! Bruno ».
Angélique en a les larmes aux yeux. Il faudra qu’elle appelle Bruno pour le remercier, il est si gentil. Et elle lui offrira le livre de Régine Duclot, il pourra le lire pendant ses vacances, elle est sûre qu’il l’appréciera. Elle aime le vendredi, c’est vraiment sa journée préférée.

29/11/2020

————- LE PARAPLUIE : ESSENTIEL OU PAS? ——————-
à la façon des articles du « Monde »

Le deuxième confinement est en passe de s’achever et des voix s’élèvent dans quelques départements. Une question pourtant majeure a été complètement occultée par le gouvernement pendant les deux premières vagues de la pandémie, et les contestataires réclament un traitement démocratique du sujet, avec la tenue d’un référendum avant la troisième vague de Covid19 et un éventuel reconfinement. Le parapluie est-il essentiel à la vie des Français et peut-il être vendu directement en supermarché pendant le confinement ? La question est posée, et il y a fort à penser qu’elle divisera les Français et fera couler beaucoup d’encre dans les médias.
Des différences notables existent en effet dans l’utilisation du parapluie en France. Les populations océaniques l’utilisent fréquemment en mode ouvert, comme une ombrelle, pour faire barrage aux gouttes de pluie et garder le haut du corps au sec. Le parapluie est parfois considéré comme un accessoire de mode, du fait qu’il se décline en toutes sortes de tissu, uni, à motifs, transparent. La haute couture a pu amplifier cette idée d’accessoire de mode en présentant, dans les défilés, des parapluies assortis aux tenues des mannequins. Mais ce serait sans doute se fourvoyer que de le limiter à un usage si restrictif. En effet, en Bretagne ou en Normandie, le parapluie est l’ami de tous les jours et on peut même se questionner sur les conséquences qu’aurait son absence. Tout porte à penser qu’on s’acheminerait vers une recrudescence des maladies respiratoires et des arrêts de travail, et donc vers un surcoût pour la Sécurité Sociale. Avec un petit bémol toutefois, car l’accroissement des trajets en voiture a aujourd’hui réduit le recours au parapluie, sans qu’on puisse en quantifier l’impact, car aucune étude n’a été menée sur le sujet.
A l’autre bout de la France, les populations méditerranéennes, bien que largement équipées, utilisent rarement le parapluie et vont plutôt le garder fermé à la maison dans un placard ou dans la voiture. Il faut dire que, contrairement aux régions océaniques, le régime pluviométrique méditerranéen, avec de fortes pluies souvent accompagnées de bourrasques de vent, n’est pas favorable à son utilisation. Le changement climatique, qui devrait se matérialiser par une accentuation des périodes sèches et des intempéries cataclysmiques, confortera certainement dans le futur l’inutilité du parapluie dans le sud de la France.
Si un référendum devait être fait sur la nécessité du parapluie, il est très probable que les Provençaux répondraient donc par un non, alors que les Bretons seraient du côté du oui. Vu que la population océanique (on inclura Paris dans cette population) est largement majoritaire, le oui gagnerait donc. Mais on peut se demander ce qui se passerait si les ratios de population étaient inversés et si le non gagnait. Car, interdire la vente du parapluie, en réponse à la majorité des votes et en application de la démocratie, signifierait le refus de la prise en compte des besoins d’une minorité.

25/11/2020

————————Mes vertes prairies——————————-

Mohamed est allongé à l’ombre, sur un grand tapis de tonalité marron qui recouvre presque tout le sol sous la tente. Une tente touareg traditionnelle, ouverte d’un côté, en laine de chameau brun foncé, dont le tissage épais protège bien du soleil brûlant. Sa tête repose sur sa main droite. Sa djellaba en fin coton bleu clair épouse ses formes longilignes. Son chèche vert amande, posé négligemment près de lui, ressemble à un long serpent qui s’entortillerait autour d’une proie invisible. Ses sandales en cuir attendent sur le sable rosé, interdites de tapis.

Mohamed est silencieux. Il savoure ce moment de bien-être dans l’intimité de sa tente, tête nue, corps au repos, à l’ombre du soleil ardent. Ses petits yeux noirs perçants semblent regarder le soleil au-dessus de l’horizon désertique et la brume rose qui donne une ambiance si poétique aux couchers de soleil du sud algérien.
Mais son esprit est ailleurs. Il pense à sa vie, aux choix qu’il a faits jusqu’ici. Rester au campement auprès de ses vieux parents et poursuivre la vie nomade avec eux jusqu’à ce qu’ils s’en aillent, contrairement à son frère cadet qui était parti à la ville et s’était sédentarisé. Puis, après la mort de ses parents, accepter l’offre de cette agence de trekking française qui lui avait offert un emploi de guide pour les touristes. La vie nomade devenait trop difficile. L’herbe pour les chèvres et les chameaux se faisait de plus en plus rare, les bêtes étaient maigres et ne se vendaient plus bien. Il ne voyait pas comment il aurait pu faire vivre une famille dans ces conditions. Sans compter les puits de certains campements qui s’étaient taris. C’est pour toutes ces raisons qu’il avait accepté. Depuis, cet emploi lui assure un revenu régulier, il a pu se marier et payer la dot. Il s’est sédentarisé avec sa femme aux abords de la ville, mais a voulu continuer à vivre dans un campement en bordure du désert. Il ne se voit pas enfermé dans une maison. Le travail de guide avec les touristes français lui permet de retrouver le mode de vie traditionnel qu’il aime tant, le sentiment de liberté et la communion avec la nature. Aïcha, sa femme, une belle femme, apprécie la vie à Djanet. Elle a pourtant comme lui connu le nomadisme dans sa jeunesse, mais la vie sédentaire lui convient mieux, elle peut voir ses amies et aller au hammam régulièrement. Elle cuisine bien, et prend soin de lui quand il est là.

Il y a deux semaines, il a pris une décision importante. Il aime Aïcha, mais ils sont mariés depuis quatre ans et elle ne lui a toujours pas donné d’enfant. Il a maintenant trente-cinq ans, il est temps pour lui de prendre une seconde épouse, il gagne suffisamment pour cela. Surtout qu’il a rencontré celle qu’il voudrait épouser. Il a averti Aïcha de son souhait et elle a donné son accord. Il a donné rendez-vous à son aimée ce soir à la tombée de la nuit, pour lui faire sa déclaration officielle selon la tradition touareg.

Mohamed se demande comment va se passer l’entrevue. Acceptera-t-elle ? Fait le bon choix ? Il revoit son sourire. Elle a toujours le sourire, elle semble toujours de bonne humeur, si facile à vivre. Elle lui parle comme si elle était son égale, pas comme Aïcha qui lui est soumise. Il aime cela. Et puis, il ne peut s’empêcher de revoir le balancement de ses hanches quand elle marche, ses hanches larges qui porteront si bien leurs enfants. C’est tout son corps qui tremble quand il y pense. Mais est-ce qu’elle est attirée par lui ? Il lui semble que oui, mais il n’en est pas sûr. Et est-ce qu’elle voudra vivre au campement avec Aïcha ? S’entendront-elles, elles sont tellement différentes? Il fera tout pour qu’elle se sente bien. Au début elle pourra garder son travail d’accompagnatrice. Mais ensuite, avec les enfants, ça ne sera plus possible, elle ne pourra plus travailler.
Le soleil s’enfonce derrière l’horizon. Il est devenu énorme, comme une grosse boule orangée. La nuit sera bientôt là, et Justine va arriver. Mohamed se lève. Il se dirige vers le fond la tente où Aïcha, toute de noir vêtue, un voile recouvrant la tête, est assise, les jambes croisées devant un petit métier à tisser. Il vient s’asseoir près d’elle et lui sourit. Ils restent silencieux. On entend juste le bruit de l’eau frémissante dans la grosse bouilloire toute noire de fumée posée sur le feu.

Soudain, l’attention de Mohammed est attirée par des bruits de pas qui se rapprochent. Il se lève et sort de la tente au moment où Justine arrive. Elle est accompagnée du couple de touristes français avec qui elle est souvent. Mohammed n’a pas compris s’ils se sont rencontrés au cours de la randonnée chamelière ou s’ils se connaissaient avant, ils ont l’air si proches. Il les accueille avec un grand sourire et, d’un geste de la main, leur propose de s’asseoir sur le tapis. Ils s’installent en cercle. Le silence est un peu pesant, comme si personne ne savait que dire. Faisant un peu diversion, Aïcha, qui s’était faite jusque là presque invisible, arrive avec un plateau doré sur lequel sont posés une théière et quatre petits verres. Elle regarde vers le bas, si bien qu’on ne fait que deviner son visage. Elle semble avoir la peau très sombre. Ses mains sont décorées de henné. Elle pose le plateau devant Mohammed, puis repart sans rien dire vers le fond de la tente où elle s’assied. C’est Justine qui brise le silence. Elle a son ton léger et curieux de tout comme d’habitude, et complimente Mohammed sur sa tente. Celui-ci explique le choix de vie qu’il a fait, son mariage avec Aïcha. Il s’interrompt pour prendre la théière. D’un geste précis, il la place juste au-dessus de son verre et verse le breuvage tout en faisant monter la théière, si bien que le jet est de plus en plus haut. Une fois son verre plein, il reverse délicatement le thé dans la théière, puis renouvelle l’opération deux autres fois. Tous les regards sont braqués sur le cérémonial réalisé par Mohammed. Enfin, il remplit les quatre verres. Chacun prend le sien délicatement du bout des doigts, en le tenant par le haut, puis y trempe les lèvres, signe d’acceptation de son hospitalité, et repose immédiatement le verre brûlant sur la table.

Mohammed reprend la parole. Il explique qu’il gagne bien sa vie grâce à l’agence de trekking. Il est heureux avec Aïcha, mais elle ne lui a toujours pas donné d’enfant. Il souhaiterait prendre une deuxième femme. A cet instant, il se tourne vers Aïcha et lui fait un signe de la main. Elle se lève, prend quelque chose par terre et s’approche des invités. Elle s’arrête en face de Justine et, le visage toujours penché vers le sol, sans la regarder, elle lui tend l’objet. C’est un petit tapis, de la taille d’une descente de lit. Justine pique un fard. Elle sent qu’il se passe quelque chose d’anormal, ce n’est pas un simple présent. Si Mohammed avait voulu lui faire un cadeau à la fin de la randonnée, il le lui aurait donné directement. Rompant le silence, Mohammed déclare à Justine qu’il souhaite l’épouser et que, par ce présent qu’elle lui fait, Aïcha signifie à Justine qu’elle est d’accord pour qu’elle vive avec eux. Les joues de Justine, de rosées, sont devenues à présent toutes rouges. Il faut mettre fin tout de suite aux espoirs de Mohammed et essayer d’être le plus diplomate possible. Justine, de sa voix la plus douce, explique alors à Mohammed qu’il est un excellent guide, compétent et intelligent, qu’il sait gérer les situations difficiles et qu’elle l’apprécie beaucoup. Elle rajoute qu’elle est désolée, qu’il a pu se méprendre par son comportement d’européenne, qu’elle le considère comme un ami, mais seulement un ami, et que, là-bas en France, elle a un fiancé avec qui elle veut se marier. Et que, même si elle aime le sud algérien et ses paysages et qu’elle est contente de les retrouver chaque fois qu’elle revient faire un accompagnement, elle ne pourra jamais y vivre en permanence et s’y installer. Elle a trop besoin des vertes prairies. J’espère que tu comprendras, Mohammed, ajoute-t-elle. Mohammed est impassible, il ne laisse rien voir. Il fait signe à AÏcha de se replier. Il change de sujet et revient à des questions toutes professionnelles, le lieu du bivouac de la dernière nuit qui ne semble pas être apprécié des touristes, l’heure du petit-déjeuner à avancer le jour 3… Ils laissent ainsi s’éloigner l’émotion qu’ils viennent de vivre, sans autre commentaire. Une fois les verres vides, Justine et les deux touristes se lèvent et prennent congé, tout en remerciant Mohammed.

Le jour suivant est congé pour Mohammed. Le prochain accompagnement sera dans deux semaines, cela lui laisse un peu de temps pour s’occuper de ses chameaux qui sont en pâture un peu plus loin. Mais d’abord, il doit aller à Djanet faire quelques courses et passer à l’agence de trekking. Arrivé en ville, il se dirige sans tarder vers celle-ci. Il semble pressé d’y arriver. Il ouvre la porte de la boutique et entre, accueilli par le salam aleykoum d’Ahmed, auquel il répond aussitôt.

  • Ahmed, j’ai quelque chose d’un peu particulier à te demander, dit-il.
  • Dis-moi, lui répond Ahmed.
  • Eh bien, voilà, je voudrais savoir ce qu’est une verte prairie?
  • Pourquoi veux-tu savoir ça, rétorque Ahmed?
  • Je ne peux pas te le dire, mais j’ai besoin de savoir.
  • OK, on va regarder dit Ahmed en se dirigeant vers l’ordinateur qui trône sur le grand bureau. Il s’assied et commence à taper sur le clavier. Verte prairie, verte prairie, viens voir, en voilà une!

Mohammed s’approche de l’ordinateur, et tous deux regardent l’écran. Les yeux de Mohammed n’arrivent pas à se détacher de ce qu’il voit : une énorme étendue verte, à perte de vue, avec des fleurs blanches et jaunes. Et, ce qui est incroyable, c’est qu’il n’y a pas de ruisseau au milieu de la prairie. Comment tout cela peut-il pousser? Il n’a jamais vu ça. De l’herbe, il y en a bien dans les jardins de Djanet sous la palmeraie, mais uniquement à proximité du petit canal d’irrigation et elle n’a pas le même vert, comme s’il était plus fade. A Tamanrasset, c’est pareil. Non, de l’herbe grasse et verte à perte de vue comme cela, il n’a jamais rien vu de tel. Il comprend mieux Justine maintenant. Il comprend qu’elle ne veuille pas vivre ici, où tout est sec et aride. Il comprend que le vert puisse lui manquer, et sans doute aussi le climat humide qui va avec. Il comprend qu’elle est d’un autre monde…

19/11/2020
-------------------------LE LIVRE----------------------------

Le livre est un ensemble de feuilles assemblées, sur lesquelles a été imprimé un texte d’auteur. On trouve toutes sortes de formats de livres. Le leporello , dont les pages se déplient en accordéon, est un peu une exception. La plupart des livres sont en effet reliés ou brochés et les pages se tournent avec un seul doigt, mais la texture et l’épaisseur des feuilles facilitent plus ou moins l’opération. Ainsi, on doit mouiller le doigt pour tourner les pages du livre de messe, dont les feuilles sont si fines qu’elles ressemblent à du papier cigarette, alors que les pages du livre cartonné pour enfant se tournent aisément - enfin, pour un adulte!
Le livre est de taille variable. D’après Moscou, le plus petit livre aurait vu le jour en 2016 en Sibérie. Il contient plusieurs pages minuscules (70x90 micromètres) qui peuvent être tournées au moyen d’une petite aiguille. L’information n’a pas été confirmée par l’administration américaine. Parmi les gros livres, on peut citer les encyclopédies, qui sont tellement lourdes et volumineuses qu’on ne les ouvre jamais. A noter que le Livre de Poche, qui pouvait être inséré dans une poche de pardessus ou d’ imperméable des années 60-70, n’est plus du tout adapté à la garde-robe moderne, puisqu’il ne rentre pas dans les poches des jeans.
La première chose qu’on voit sur un livre, c’est sa couverture. Elle peut être très sobre, avec juste le nom de l’auteur, le titre du livre et le nom de l’éditeur, écrits en noir sur blanc par exemple. Ce genre de couverture n’est pas particulièrement attractif et Il faut être plutôt intellectuel pour s’y plonger. Certaines couvertures pleines de couleurs, agrémentées ou non d’une photographie ou d’un dessin, donnent bien plus envie d’ouvrir le livre. Certains auteurs ont bien compris cela, par exemple Mao Tsé Toung avec son Petit Livre Rouge, dont entre 2 et 5 milliards d’exemplaires ont été vendus dans le monde, faisant de lui le livre le plus vendu après la Bible. On peut d’ailleurs se demander ce qui a attiré le lecteur dans cette dernière. Enfin, il faut démystifier les livres d’or, qui jouent sur la couleur dans leur titre, mais sont en général tout en noir et blanc.
Quand on ouvre le livre, on trouve souvent à la première page, une dédicace, c’est-à-dire quelque chose du genre « A Susan, ma correspondante anglaise qui m’ a fait découvrir la jelly » ou encore « A Louloute, ma chatte chérie qui me faisait la conversation pendant les confinements. ».
Ensuite viennent les pages dans lesquelles se dévoilent le roman, la biographie, l’essai… Elles sont imprimées sur des feuilles qui proviennent dans tous les cas d’arbres coupés. Sachant qu’un livre compte en moyenne 400 pages, soit 200 feuilles, et qu’il y a environ 430 millions de livres vendus en France chaque année, on arrive à un total de 86 milliards de feuilles en papier. Sachant par ailleurs qu’un arbre donne en moyenne 8500 feuilles de papier, on en déduit que 10 millions d’arbres seraient utilisés chaque année en France pour le plaisir des lecteurs… Fort heureusement, 95% du papier utilisé par les éditeurs français est du papier recyclé (chiffres de 2018).

17/11/2020

JK 9/12/2020 J'ai ajouté une version 2 du texte "Angélique", plus courte, suite aux remarques de Nathalie.

Michèle B 6/12/20J'aime beaucoup l'histoire d'Angélique, agréable à lire et avec un vocabulaire bien riche. J'ai juste repéré 3 fois de suite le mot "piste" mais peut-être est-ce intentionnel?

Nathalie, le 03/12/20 Magnifique Jacqueline !! J'aime la poésie du texte Angélique, et la fin si positive !! Mais cette fois, j'ai pris le temps d'approfondir encore ma lecture, et voici quelques remarques/suggestions d'amélioration :
* Une répétition à revoir en 3ème ligne " elle a mis le réveil hier soir en se mettant"
*De très belles descriptions... mais peut-être trop ? non ? L'abondance nuit parfois... On dit, en écriture, que c'est bien là le défaut des novices qui ont une belle plume et une grande culture : craindre la sobriété, ou plus simplement être tenté de toujours ajouter des adjectifs, des compléments du nom, etc... parce qu'on aime la richesse de la description, parce que les mots sont beaux et viennent spontanément à l'esprit...

Nathalie, le 23/11/20 Waoh ! Je suis impressionnée par ta prose Grenouille :)) Et je pense que tu devrais en écrire... des livres ! Je suis persuadée que le succès serait au rendez-vous !
Bravo pour ta nouvelle "Vertes Prairies" !! Ta chute est très bien pensée/imaginée ;)

MB 23/11/20 j'aime beaucoup ton histoire sur les vertes prairies, on y est transporté.

Zette : 4/12/20 j'aime tout ce que tu écris, tous tes textes me plaisent

mis à jour le